Les années 80
A bien des égards, les années 1980 préfigurent déjà ce que seront le monde et la société au 21ème siècle.
Sur le plan géopolitique, l'intervention de l'URSS en Afghanistan en 1979, la révolution iranienne, la guerre Iran-Irak, annoncent déjà un certain radicalisme religieux et une instabilité régionale qui ne feront que croître jusqu’à devenir un problème majeur dans le monde. En Pologne, le syndicat libre Solidarnosc provoque une première lézarde dans le monolithique bloc de l'Est ; l’avènement de Gorbatchev en '85 est le signe de la Détente avec l’Ouest, mais entraîne aussi, bientôt, l’effondrement du régime, dont la chute du mur de Berlin fin 1989 reste un symbole fort. Alors que l’ultra-libéralisme triomphe dans les pays anglo-saxons avec M. Thatcher et R. Reagan, en France la gauche arrive au pouvoir en 1981 avec F. Mitterrand à l’Elysée, et tentera de s’y maintenir, avec plus ou moins de succès, pendant toute la décennie, avec quelques grands progrès sociaux et sociétaux, mais aussi des échecs et des renoncements, dont les conséquences néfastes sont un peu atténuées grâce à l'action d'associations engagées socialement : Les Restos du Coeur ou Touche pas à mon pote sont créées au cours de la décennie.
Sur le plan technologique : l’électronique, les communications, les transports font un bond de géant entre le début et la fin de la décennie : l’ordinateur personnel, le développement d’internet aux USA, du minitel en France, la navette spatiale, le TGV, le four à micro-ondes, et en musique l’apparition du CD qui détrône le vinyle en quelques années (lequel prend sa revanche de nos jours en revenant à la mode !), le walkman, d’abord à cassettes audio, puis à CDs… Et se souvient-on de l’ancêtre du DVD, le laserdisc – à la carrière certes éphémère ? Mais le progrès technique a aussi son revers : les années SIDA - contre lequel la médecine restera quasiment impuissante pendant plusieurs années, l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en '86, l'accroissement de la pollution, la sophistication des armes et les tensions qu'elle génère (comme la stratégie américaine dite de la "guerre des étoiles") etc...
Reflet de son époque, la musique des années 80 traduit un moment charnière, en termes de créativité, de renouvellement et de dynamisme dans tous les genres. Nous vous proposons une sélection des albums et des titres les plus emblématiques de cette période.
Chanson française : les intemporels de la variété
Après l’élection présidentielle de 1981, un train de mesures prises par la gauche en faveur de la culture est reçu comme un vrai bol d’oxygène : création de la Fête de la Musique, de la loi sur la « copie privée » permettant de copier légalement (sous conditions) des œuvres, mise en place du Studio des Variétés, lieu de formation professionnelle pour les créateurs et artistes, et surtout autorisation des radios libres sur la bande FM, et apparition de nouvelles chaînes TV et d’émissions musicales.
Un certain nombre de vedettes « nationales » connues depuis les années 70, 60 ou même avant, continuent de faire parler d’elles en renouvelant (ou non !) leur style et leurs thèmes.
L’indémodable Serge Gainsbourg, par exemple, défraye la chronique en ’84 et ’85 avec les sulfureux Love on the beat et Lemon incest. Ce dernier titre prend pour mélodie la sonate « Tristesse » de Chopin. C’est encore un air classique (un passage de la 3ème symphonie de Brahms) qu’il utilise pour écrire Baby alone in Babylone, chanté par son ex-compagne Jane Birkin en ’83.
Le couple France Gall / Michel Berger reste une « entité » phare de la décennie : Michel est le compositeur, souvent parolier, pour lui-même ou pour son épouse. La décennie commence pour eux avec deux tubes « pianistiques » : tout le monde se souvient de Il jouait du piano debout (F.Gall, chanson faisant référence au pianiste Jerry Lee Lewis), succès auquel répond, comme en écho, La groupie du pianiste (M.Berger). De nombreux tubes suivront, par exemple en ’87 avec l’album de F.Gall : Babacar, qui contient aussi Evidemment et Ella, elle a. Ces trois titres évoquent successi-vement l’engagement de la chanteuse en Afrique, la disparition de Daniel Balavoine, et l’anniversaire d’Ella Fitzgerald.
En 1980, Francis Cabrel écrit A l’encre de tes yeux, pendant qu’Eddy Mitchell cherche d’autres yeux Couleur menthe à l’eau. Laurent Voulzy rêve de Belle-île-en-Mer (’85) et son acolyte Alain Souchon, après La Ballade de Jim (’85), se demande si on l’aimera encore Quand je serai K.O.(’88), pendant que Maxime Le Forestier se clame Né quelque part (’88). Toutes ces ballades nostalgiques touchent le cœur des auditeurs et restent des semaines au Hit-Parade.
La comédie musicale Starmania (Michel Berger, encore lui) date de 1979, mais ses chansons deviennent des tubes incontournables tout au long des années 80. Elle va « booster » la carrière de son interprète vedette Daniel Balavoine, qui avait déjà sorti un premier tube l’année précédente. Classé, parfois malgré lui, comme chanteur engagé, il enchaîne les succès comme Mon fils ma bataille et Je ne suis pas un héros (’80), jusqu’à l’album Sauver l’amour (’85) sur la misère du Tiers-Monde. Son décès tragique lors du Paris-Dakar l’année suivante achève de faire de ce Chanteur, une légende.
Autre chanteur engagé, Renaud « sévit » toujours avec, par exemple, Miss Maggie, un pamphlet incendiaire contre Margaret Thatcher tiré de l’album Mistral gagnant (’85). Michel Sardou, en revanche, célèbre les femmes au tempérament bien trempé (Etre une femme, ’81) en même temps que les étendues splendides et sauvages des Lacs du Connemara. Côté femmes, justement, La Rockeuse de diamants Catherine Lara (’83) passe une Nuit magique (’86). Véronique Sanson revient en France après son divorce d’avec Stephen Stills, et renoue avec la langue de Molière. Moins connus que ceux des années 90, les albums de cette période n’en font pas moins parler d’eux, notamment Moi, le venin (’88) à cause du titre Allah, dont les paroles font polémique. Alain Bashung et Louis Chédid, après des carrières commencées dès les années 1960 ou ’70, mais peu couronnées de succès, parviennent presqu’en même temps à la consécration avec des tubes comme Gaby, oh Gaby (’80) et Vertige de l’amour (’81) pour Bashung, ou Egomane (’80) et Ainsi soit-il (’81) pour Chédid. Michel Jonasz, quant à lui, était déjà connu vers 1970, célèbre vers ’74. Il confirme son ascension avec La boîte de jazz (’85), le tube qui va le hisser au sommet de la notoriété.
Les nouvelles stars et les étoiles filantes
Au printemps 1980, Lio « cartonne » avec son Banana split. D’une voix mutine, la jeune femme au look de nymphette se trémousse sur cette chanson coquine, à double sens. On reste dans la sensualité plus ou moins débridée, avec Etienne de Guesh Patty (’87) et Pourvu qu’elles soient douces de Mylène Farmer (’88). Les romances font bien sûr toujours recette, avec Herbert Léonard (Pour le plaisir, ’81), Jean-Luc Lahaye (Femme que j’aime, ’82, ou Papa chanteur, ‘85), Marc Lavoine (Elle a les yeux revolver, ’85), ou encore Viktor Lazlo (Pleurer des rivières, ’87).
Richard Gotainer, connu jusqu’alors surtout pour ses musiques de spots publicitaires, débute lui aussi, avec Primitif (’80), une longue liste de tubes drolatiques jouant sur la musicalité des mots, du sens et du contresens. Des thèmes plus graves sont également abordés : ainsi, Pierre Bachelet évoque la rude vie des mineurs du Nord dans Les Corons (’82), tandis que le thème de la drogue est abordé par Florent Pagny (N’importe quoi, ’88). Beaucoup d’autres noms émergent encore pendant cette période : Charlélie Couture (Comme un avion sans ailes, ’81), artiste multiforme célèbre aussi pour ses œuvres picturales et littéraires. Jeanne Mas se lance dans le métier pour la Toute première fois (’85), la chanteuse et actrice Vanessa Paradis commence sa carrière à 16 ans en ’87 avec Joe le Taxi, une chanson sur un chauffeur de taxi de sa connaissance, tandis que Patricia Kaas apparaît en novembre ’88 avec son premier album qui contient, entre autres, Mademoiselle chante le blues et Mon mec à moi.
Dans ce foisonnement de nouveaux talents, une place de choix doit être réservée à Jean-Jacques Goldman, par sa production impressionnante et constante de succès : Quand la musique est bonne (’82), Comme toi (’83), Envole moi et Encore un matin (’84), Je marche seul et Je te donne (’85) … Une (omni)présence qui ne se démentira pas dans les années et décennies suivantes.
En 1989, la carrière de Patrick Bruel, débutée quelques années plus tôt, prend un brusque essor avec son album Alors regarde, une mine de tubes : Casser la voix, Les Grands hommes… La « Bruelmania » est née. C’est cette même année que se révèlent des chanteurs francophones comme le belge Philippe Lafontaine avec Cœur de Loup, et surtout le québecois Roch Voisine avec Hélène, le single qui va le faire connaître en France et lancer sa carrière.
Mais tout le monde ne réussit pas à se maintenir durablement au firmament des stars de la chanson : certains artistes connaissent un succès foudroyant avec un seul tube, martelé à la radio, TV et dans les boîtes de nuit, puis disparaissent des ondes, d’autres surnagent le temps de quelques titres, avant de subir le même sort – ce qui ne veut pas dire qu’ils ne réussissent pas dans d’autres domaines, comme compositeurs ou paroliers pour d’autres chanteurs par exemple.
On se souvient ainsi de Jean Schultheis avec Confidence pour confidence (’81), une apologie de l’égocentrisme, Rose Laurens (Africa, ’82) et Desireless (Voyage, voyage, ’86), qui rêvent d’horizons lointains, Axel Bauer avec Cargo (’84) qui nous entraîne dans l’atmosphère interlope des bars de marins… Et qui n’a pas fredonné Chacun fait-fait-fait, c’qu’il lui plaît-plaît-plaît …(’82) du groupe Chagrin d’amour ? Avec ses couplets parlés et rythmés, on est presque déjà dans le slam ou le rap ! Autres groupes : Début de soirée (Nuit de folie, ’88) ou Gold (Plus près des étoiles ’85, Capitaine abandonné et Ville de lumière ’86), qui survivent à la décennie mais sans connaître le même succès.
Nouvelles stars & étoiles filantes
Décibels à la française
Sur les vestiges de la déferlante punk, se développe en France à la fin des années 70 et jusqu’au milieu des années 80, une scène musicale prolifique et chaotique associant énergie rock, nihilisme punk, et expérimentations électroniques.
A des groupes rock déjà célèbres au début de la décennie, comme Téléphone : Argent trop cher (’80), Ça c’est vraiment toi, Cendrillon (’81), Un autre monde (’84), et Le jour s’est levé (’86), Trust (hard/heavy metal) avec son album Répression de 1980 qui reste dans les mémoires pour ses tubes Antisocial et Le Mitard - ce dernier titre faisant polémique car accusé de faire l’apologie de Mesrine, l’ennemi public n°1, La Souris Déglinguée au répertoire très éclectique et qui survivra à la décennie, viennent s’ajouter de nombreux artistes, dont certains se réclament du post-punk ou de la new wave.
Les représentants du punk-rock sont des groupes comme Bérurier Noir, Ludwig von 88, Les Têtes raides, Les Wampas, Les Négresses vertes, Charles de Goal, Artefact (un seul album en ’80, groupe de Maurice G. Dantec, écrivain controversé par la suite…)
Une figure de proue de cette époque est François Hadji-Lazaro, chanteur et musicien des groupes Pigalle (folk-rock) puis Les Garçons Bouchers (punk-rock) avant d’entamer une carrière solo. Sa boîte de production « Boucherie productions » permet de faire connaître de nouveaux groupes et artistes de rock alternatif : outre les deux précités, notons La Mano negra et son leader Manu Chao, Los Carayos, Les Pires, ...
Des mouvances New wave et Cold wave, sont issus les duos Kas Product, Elli et Jacno, le chanteur Etienne Daho (produit par Jacno justement), les groupes Taxi Girl (Cherchez le garçon ’80), et son leader Daniel Darc, Indochine avec ses nombreux titres dansés dans toutes les boîtes de nuit comme L’Aventurier (’82), 3e sexe ou Canary bay (’85), Perspective Nevski, Marquis de Sade, qui disparaît au début de la décennie pour se réincarner dans les groupes Octobre et Marc Seberg, aux styles différents. Après les tubes qui l'ont placé sous les projecteurs et pour ne pas se perdre dans le désert de Gaby, Alain Bashung en vrai artiste kamikaze, publie Play blessures ('82, en collaboration avec Serge Gainsbourg), album post-punk et destroy, puis Figure imposée ('83). Il renoue avec le succès avec SOS Amor et Passé le Rio Grande, avant de pousser plus loin l'audace musicale avec l'album Novice...
En rock, notons le groupe Noir Désir, et les Rita Mitsouko avec leurs incontournables ritournelles Marcia baila (’85), Andy (’86) et bien d’autres.
Rock : Première vague
Angleterre, 1978 : la Reine est toujours bien vivante mais le punk est mort. Le salutaire incendie perpétré par les Sex Pistols et un tas de sauvages a fait place à une nouvelle vague de musiciens bien décidés à sortir de l’impasse punk (nihilisme effronté), tout en évitant bien sûr les clichés du vieux rock FM ou la mollesse baba. Le terme new wave apparaît et devient un vaste fourre-tout, regroupant des artistes aussi différents que Joe Jackson, Police ou Blondie aux Etats-Unis… Guitares électriques au son tendu, sonorités électroniques, textes sombres et cyniques : rompant avec la violence revendicative du punk, on privilégie l’introspection, la froideur, le minimalisme. Pour simplifier, le costard étriqué et la cravate ficelle d’Elvis Costello ont remplacé les épingles et la colle… Durant 4 ou 5 ans, la musique connaît une période incroyable de créativité, d’une qualité stupéfiante ! Si l’avant-garde du rock américain surfe sur la même vague (Devo, Talking Heads, B-52’s), c’est surtout l’Angleterre qui devient une véritable terre de tous les miracles sonores et de tous les mélanges : rock, pop, post-punk, disco, reggae, dub, ska, gothique… Les Années 80 commencent ! Le groupe Police et leur chanteur Sting, inventeurs d’un mélange de rock et de reggae, ne vont pas tarder à obtenir un n°1 mondial avec « Every breathe you take »…
Rock : NEW WAVE, synthés & Boîtes à rythmes
Début 80, une vague synthétique s’apprête à submerger l’Europe. Des artistes se tournent de plus en plus vers les machines. Parmi les pionniers du genre, on trouve le groupe de musique électronique Kraftwerk mais aussi David Bowie (sa fameuse trilogie berlinoise est enregistrée avec l’aide de Brian Eno, le sorcier des sons, lui-même obsédé par Can, Neu !, Harmonia et tout le krautrock progressif allemand). Ne négligeons pas les premières formations de musique industrielle (Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire), ni la disco de Giorgio Moroder, ni l’influence de Suicide, le duo électro-punk new-yorkais.
Les nouveaux groupes mêlent à leurs séduisantes mélodies pop des sonorités électroniques audacieuses. Les synthétiseurs (à bas prix) deviennent facilement accessibles. La new wave (ou synth-pop ou techno-pop) devient un terme générique pour désigner cette musique robotique, appuyée par des boîtes à rythmes, au son froid, souvent désenchantée, la basse très en avant : le son des années 80 est né.
« Enola gay » d’Orchestral Manœuvres in the Dark reste le tube emblématique de ce déferlement synthétique. Après Kraftwerk, OMD quitte la sphère de l’expérimentation pour s’imposer dans les hit-parades avec des perles pop, légères, parfaites. Ce succès incite d’autres groupes à se lancer dans l’aventure : Human League (qui va bientôt triompher aux Etats-Unis avec « Don’t you want me »), Depeche Mode dont la musique prend au fil des ans une réelle profondeur, Gary Numan, Soft Cell (son chanteur Marc Almond veut "refléter le désolation du Nord de l’Angleterre sur un mode glamour"…).
Très vite apparaissent des groupes de synth-pop à la musique précieuse et aux allures de dandys, qui accordent une place démesurée à l’image. Place aux Nouveaux Romantiques (ou Garçons-Coiffeurs, c’est selon) : Visage, Spandau Ballet, Duran Duran, Adam & the Ants…
Côté délicatesse, on ne fait pas mieux à l’époque qu’un charmant garçon androgyne à la voix feutrée : Boy George et son Culture Club nous offrent leur délicieuse pop teintée de reggae.
Tout un tas de groupes se fondent dans la masse d’une techno-pop 80’s, tonitruante et dansante, et s’imposent grâce au succès fulgurant du clip vidéo. Même Bowie cède à la mode, lui qui d’habitude la précédait... La chaîne musicale MTV voit le jour, le microsillon est remplacé peu à peu par le CD.
POST-PUNK, VAGUE DE FROID & BEAUX BIZARRES
Crise pétrolière, agonie de l’industrie minière, grèves , chômage et Margaret Thatcher au pouvoir : pas de quoi rigoler dans l’Angleterre de 1980… Le post-punk reflète tout cela dans ses dissonances et ses ambiances grises.
John Lydon (ex-Johnny le Pourri des Sex-Pistols) abandonne le rock simpliste de ses débuts et avec son nouveau groupe, Public Image Limited, produit une musique sombre et austère, expérimentale et déconcertante.
C’est Siouxsie et ses Banshees qui feront le lien entre post-punk et cold-wave : guitares dérangées, atmosphère de folie, psychédélisme… On parle alors de rock gothique. Dans le genre morbide et théâtral, on peut citer Bauhaus et Alien Sex Fiend ou Sisters of Mercy.
Autre formation, championne des climats lugubres et du spleen adolescent : The Cure, avec à sa tête Robert Smith. On atteint des sommets d’agressivité et de paranoïa avec l’apocalyptique Pornography. La popularité du groupe explosera en Europe en 1985, avec un album plus pop et sautillant, The Head on the door.
S’il est une ville qui symbolise ce nouvel horizon musical, c’est bien Manchester, ville en plein marasme économique, polluée et d’un sinistre presque inconcevable… Cette ville a musicalement engendré le meilleur : les merveilleux et grinçants Buzzcocks puis Magazine (groupes punk emblématiques) et bien sûr, The Fall et son leader Mark E. Smith : anarchiste à la voix menaçante, corrosif et méchamment drôle !
Mais un groupe, sans doute le plus dérangé de Manchester, va avoir une influence énorme : Joy Division. Guitares tendues comme des barbelés, basse proéminente, très peu de synthés, textes sombres, vers incantatoires… Ian Curtis, le chanteur blafard et possédé, à la limite de l’épilepsie, fiche carrément la trouille en parlant de froid, contrainte , obscurité, crise, échec, chute et perte de contôle… Son suicide à 23 ans va contribuer à faire de Joy Division le grand mythe des années 80. A leur actif, deux albums impressionnants et inégalés, parus sur le fameux label Factory.
Les autres membres vont très vite former New Order et se tourner, comme par réaction, vers une pop électronique et dansante…
Dans la foulée, A Certain Ratio, un autre groupe du label Factory, associe cold wave et funk. Dans le genre funk ravagé et bruitiste, n’oublions pas le très politique Gang of Four, ni the Pop Group, l’un des plus extrémistes.
Venu d’Australie, un certain Nick Cave, chanteur de The Birthday Party, semble lui aussi s’y connaître en rock gothique et chansons tordues… Le poète-crooner poursuivra son chemin torturé avec les Bad Seeds, semant des albums magnifiques de sauvagerie, bourrés de ballades et de blues hallucinés qu’il sublime de sa voix de prêcheur-assassin.
Guitariste des Bad Seeds, Blixa Bargeld a d’ailleurs déjà semé la terreur de son côté, avec son groupe de rock industriel, Einstürzende Neubauten (un de leurs instruments préférés : la perceuse !). Depeche Mode était fan.
Autre mélange brutal de sons électroniques, de punk et de reggae : 1965-1980 de Basement 5. Emeutes, violences policières, fin du monde… un album à écouter au moins une fois dans sa vie ! Et puisqu'on est dans la sauvagerie... le hardcore se propage en Amérique grâce, entre autres, aux Dead Kennedys. Les Cramps ne sont pas loin avec leur psychobilly (un rockabilly d'Elvis psychopathe), tout comme le Gun Club de Jeffrey Lee Pierce et leur mélange grinçant de punk, de blues et de hillbilly...
Début 80, trois Gallois rêveurs sortent un album minimaliste, dépouillé, romantique. Trésor caché, Colossal Youth des Young Marble Giants deviendra le disque de chevet de Dominique A ou Kurt Cobain…
Finissons avec Echo & the Bunnymen, post-punk qui lorgne vers un psychédélisme teinté de romantisme. Ajoutez le charisme du chanteur Ian McCulloch à la voix rêveuse et vous obtenez une poignée d’albums lyriques et brumeux. Quand la noirceur fait merveille…
POP & ROCK : Quelques figures marquantes
Les punks n’ont pas tout balayé. Aux Etats-Unis, le bon vieux rock à guitares se porte bien : Bob Seger, Tom Petty et Bruce Springsteen dominent les hit-parades. Véritable bête de scène, Bruce Springsteen, après avoir créé la surprise avec le poignant Nebraska, un album acoustique, triomphe avec l’énergique Born in the USA, qui est loin d’être une déclaration patriotique (complètement à côté de la plaque, le président Reagan le choisira comme hymne de campagne…).
La nostalgie est de mise (les irrésistibles Bangles triomphent avec leur pop harmonieuse très Beatles & Byrds) et même en pleine époque synthétique, les guitares résistent : le rockabilly avec les Stray Cats, le blues-rock avec George Thorogood, Steve Ray Vaughan et ZZ Top. Et si les albums des Rolling Stones ne soulèvent plus l’enthousiasme, leurs tournées gigantesques déplacent des foules considérables.
Les Dire Straits et leur leader Mark Knopfler (guitariste de génie et plutôt Père Tranquille à la JJ Cale) connaissent une consécration mondiale. Leur album Brothers in arms explose les compteurs. Les concerts s’enchaînent à un rythme dément… Knopfler faillit y perdre sa coolitude.
Le monde de la pop et du rock semblent frappé de gigantisme : Michael Jackson, Madonna et Springsteen deviennent des phénomènes planétaires.
Comme U2 qu’on leur a souvent reproché d’imiter, les Ecossais de Simple Minds ont toujours été très prudents avec l’étiquette new-wave (dont ils vont vite se débarrasser pour conquérir les Etats-Unis). A l’image du chanteur Jim Kerr, leur musique est lyrique et enflammée et dès 1982, les guitares y sont très présentes. Ils vont se hisser au niveau international avec l’album Once upon a time et une pop à stades qui sait toutefois s’engager (« Mandela Day »).
Mais c'est avec U2 que ce rock humaniste et lyrique (on parle même de rock héroïque) prend une ampleur inégalée, grâce à la ferveur et au charisme de Bono, le leader de ce groupe irlandais ("Sunday bloody sunday"... à réécouter jusqu'à la fin des temps !). The Joshua Tree fait d'eux le groupe n°1 et leur ouvre les USA.
Les années 80 sont marquées par la bonne conscience et l'humanisme : droits de l'homme, pacifisme, écologie... Dans "Russians", Sting , ex-chanteur du groupe Police, dénonce la guerre froide et l'équilibre de la terreur. C'est l'avènement d'un rock humanitaire : disques collectifs ("USA for Africa") et concerts de charité géants (tournée d'Amnesty international, concert de Wembley contre l'apartheid...). En 1985, le Live Aid organisé par Bob Geldof, un ancien punk, collecte des fonds pour l'Ethiopie en réunissant 160 000 spectateurs et 1,5 milliard de téléspectateurs. Famine, apartheid et musique placent l'Afrique au coeur des préoccupations. Le monde du rock s'ouvre à la world music : Paul Simon enregistre en Afrique du Sud avec des musiciens locaux. Son album Graceland fait sensation. L'offre de musiques du monde explose avec Fela, Youssou N'Dour, Mory Kanté, Touré Kunda... Peter Gabriel intègre les sons du "Sud" dans sa musique et son label Real World a beaucoup fait pour l'émergence de la world. Rendons hommage aux pionniers David Byrne (des Talking Heads) et Brian Eno qui, dès 1981, publient cet incroyable chef-d'oeuvre de fusion electro-rock-world : My Life in the bush of ghost.
L'overdose sonore et synthétique de la décennie conduit certains artistes à retrouver plus de simplicité : le folk de Tracy Chapman dont la voix puissante rappelle la grande Odetta, la délicatesse de Suzanne Vega, le folk-rock inattendu des Waterboys (magnifique Fisherman's blues) et bien sûr, le punk-folk celtico-alcoolisé des Pogues et de leur chanteur, Shane MacGowan, à la voix la plus merveilleusement éraillée du monde...
Autre voix de papier de verre filtrée par un mégaphone : Tom Waits, le clochard céleste, qui, s'écartant de son jazz-blues routinier, invente avec Swordfishtrombones et Rain dogs, une sorte de cirque-cabaret halluciné, un monde étrange de fête foraine, peuplé de freaks, de mélodies déglinguées et de bruits bizarres.
Du grand Tom, il est facile de passer à Rickie Lee Jones qui, sur le superbe Pirates (album de la rupture avec Tom Waits), nous offre "A lucky guy", le plus beau slow des années 80 (ah ! souvenirs souvenirs : Isabelle Adjani dansant sur ce titre, dans Subway de Luc Besson...).
Vers 1984, la new wave s'essoufflant déjà, on se met à parler de rock indépendant ou alternatif. Les Smiths sont souvent considérés comme les sauveurs d'une pop anglaise perdue dans la guimauve. Le leader, Morrissey, féministe, végétarien ("Meat is murder"), vindicatif, devient le parolier le plus vénéneux du moment. The Jesus and Mary Chain déboule avec sa pop noisy (jolies mélodies et guitares martyrisées). Aux Etats-Unis, Sonic Youth, modèle d'intransigeance et de liberté, ou R.E.M. s'opposent eux aussi aux courants musicaux majoritaires. La décennie s'achève avec Doolittle des Pixies, groupe génial et imprévisible, à la fois brutal et pop, qui annonce déjà Nirvana et les années 90...
Mais ce panorama serait incomplet si l'on ne mentionnait pas ici Lloyd Cole (Rattlesnakes, premier album et chef-d'oeuvre bourré de classiques) et la plus délicieuse des Anglaises, Kate Bush qui avec The Dreaming atteint des sommets d'audace et de folie.
POP & ROCK : Quelques figures marquantes
Hard rock
En 1980 le phénomène PUNK s'éteint doucement, laissant la place au HARD ROCK qui devient LE genre musical de prédilection d'une partie de la jeunesse voulant échapper à la société de consommation. Le « revival » du HARD ROCK est marqué par l'émergence du HEAVY METAL !
Beaucoup de groupes de hard, tombés en désuétude, voient leur carrière rebondir en même temps que naissent de nouvelles formations de GLAM METAL, DEATH METAL, DOOM METAL ….. Apparu dans les années 60 le HARD ROCK puisait dans le BLUES ROCK, le ROCK PSYCHEDELIQUE et le GARAGE ROCK. Led Zeppelin et Deep Purple, pour ne citer qu’eux, disparaissent mais certains groupes arrivent à rebondir et connaissent un second souffle. Formés dans les années 60 ou 70, ces groupes ont du mal à durer. Après des changements dans les formations, une autre façon d’envisager et d’écrire du hard, ils se retrouvent au premier plan de la scène avec les nouveaux groupes émergents.
2 courants vont donc voir le jour : le HEAVY METAL et le Hard FM (Bon Jovi, Gun N’Roses)
Le METAL est une musique plus lourde que le hard, volontairement plus bruyante, avec une pointe de folk. Les thèmes sont très variés, empruntant au blues ou parlant du contexte social. ll a une imagerie très spécifique : les tenues s'inspirent parfois du sado-maso (Judas Priest), de l'heroic fantasy (Manowar), des motards, des cuirs cloutés, et les textes, de science-fiction ou de films d'horreur, scénographie travaillée, mises en scène spectaculaires.
Bien que le phénomène ait longtemps été minimisé, il faut bien admettre qu'aujourd'hui ces groupes ont une popularité incontournable, ne serait-ce qu'en termes de ventes de disques ou de billets de concerts.
En Europe :
C'est au Royaume Uni que naît « The new face of Heavy Metal », nom donné à un article du magazine Sounds. Une déferlante de groupes envahit le royaume de Sa Gracieuse Majesté…(Le 1er festival « Monsters of rock » en août 80 réunira + de 35 000 spectateurs…)
L’Allemagne n’est pas en reste.
Fondé en 65, le groupe Scorpions devient un poids lourd du hard à partir de 1980. Leur tube « Love at first sting » de 84 va connaître un succès mondial. De même Accept, groupe de 1968 voit sa carrière décoller dans cette décennie.
Arrivent de nouvelles formations. En 84 Helloween se forme et sort « Keeper of the seven keys » qui va devenir l’album phare du POWER METAL.
Les groupes nordiques sont aussi de la partie. Europe, formation suédoise, obtient la consécration avec son 3ème album « The final countdown ».
Aux States, la Kissmania se termine. Ozzy Osbourne démarre une carrière solo, Bon Jovi joue devant un public déchaîné et Mötley Crüe annonce la naissance du Glam Metal
Même chose pour AC/DC, groupe australo-britannique, qui sort en 79 « Highway to hell » et qui connaît le succès. Malheureusement Bon Scott, son chanteur, décède prématurément. Il travaillait avec son collègue et ami Bernie Bonvoisin de Trust , hardos français, sur une version anglaise de l’album « Répression ». Brian Johnson le remplace et avec lui sort l’immense album « Back in black »
Pour les amateurs de hard, la cuvée des années 80 sera un millésime !
Techno
A Chicago, ville du blues et du funk, les DJs retirent les parties chantées des grands hits disco, rallongent les morceaux musicaux et lancent … la HOUSE (nom du club où est jouée cette musique). Pas de batterie mais des boîtes à rythmes, grosses doses de synthé, premiers samples…
L'Angleterre va décliner l’House en ACID HOUSE (acid car la musique est encore plus rapide et non pas en rapport avec l’acide [drogue]). A l'ère Tatcher, les jeunes rejettent le système, veulent être libres et sans entraves ...La House leur donne ce sentiment ; ils s'accaparent des lieux fermés par la 1ère ministre : usines vides, entrepôts délaissés, bâtiments géants à l'abandon...Les clubs fermant à 2 heures du matin …c'est le début des Rave souvent organisées par d’anciens punks..
Détroit : Ville américaine, violente, dévastée par le chômage, va être le berceau de la TECHNO. Ce terme provient du titre « Techno city » de Juan Atkins en 84. Elle s'inspire de la musique noire, la musique des Black Power, du synthé de Sun Ra … et de la musique avant-gardiste électronique européenne. Mettez dans un ascenseur Kraftwerk et George Clinton et vous obtenez la techno…Le 1er label s’appelle Underground Resistance - tout est dit - Rebellion contre le système et côté monde artistique contre les grands Majors . La naissance du Home Studio va permettre cette rupture, le matériel est bien plus abordable par rapport aux studios d’enregistrement des Majors
Larry Heard, Juan Atkins, Derrick May, Kevin Saunderson et bien d’autres se lancent dans l’aventure. Soirée underground, rave, un « nouvel espace musical » ouvre ses portes. Bien qu’au départ les DJ voulaient que les sets soient uniques, éphémères, non mémorisés, les premiers enregistrements démarrent à la mi décennie, face à l’engouement du public.
La Techno est une musique cérébrale, minimaliste. C’est un mode de pensée, un mode de vie, un mode de communication. C’est la fête perpétuelle : Ne jamais éteindre le son !!!. Il n’y a pas de message social puisqu’elle EST un message social. Tout le monde fraternise, les skinheads, les noirs, les homosexuels, les prolos, les bourges, les jeunes, les soixante-huitards …
Il faut attendre la fin de la décennie en France pour vivre ce phénomène. Une des 1ères « rave » a lieu au Fort de Champigny en 90.
Soul
Toujours la même question : Quelle différence entre la SOUL et le FUNK ?
Immédiatement quand on pense au funk, on pense James Brown ! Or James Brown a comme surnom « the godfather of soul « (le parrain de la soul) : ça commence !
Pour essayer de simplifier disons que la SOUL parle à nos oreilles (mélodie, chant) et le FUNK s’adresse à nos hanches (instruments, rythmes syncopés). Les années 80 ne seront pas un « grand cru » pour les amateurs. Néanmoins trois exceptions : Michaël , Prince, Tina .
Michael Jackson « le roi de la pop » nous offre 2 albums mythiques : Thriller en 82, produit par Quincy Jones et Bad en 87 puis Prince, artiste funk incontournable nous fait vibrer sur Purple rain en 84 et Parade en 86 avec l’excellent « Kiss » ; enfin en 1984 Tina Turner effectue « le plus grand come-back de l'histoire de la musique » avec l’album « Private dancer »
*Quelques belles surprises aussi comme Simply Red, groupe de blue-eyed soul ou Carmel, groupe de rhythm’n’blues cha-cha-cha ou encore « Sexual healing » de Marvin Gaye et « Part-time lover » de Stevie Wonder
Le DISCO, mélange de funk et de pop était destiné aux discothèques (priorité à l’orchestration et au rythme, reconnaissable grâce à la ligne de basse). Les artistes comme Cerrone lancent ce style musical en France. Tenue vestimentaire différente, thèmes différents (la fête, l’amour, la danse et non plus la cause noire-américaine) Le Disco va très vite décliner car la qualité d’écriture n’est pas au rendez-vous. Il n’aura duré que quelques années.
En 87 la New Jack déferle aux States, elle va durer 5 ans et donner le R’N’B ou Urban à la fin de la décennie.
La New Jack est une fusion entre le rhythm and blues et le hip hop. Elle remplace le funk et la soul en perte de vitesse. Interprété majoritairement par des artistes de couleur comme Keith Sweat, le groupe Guy, Aaron Hall…Le R’N’B [Urban] offre des chansons aux couplets chantés mais au refrain rappé. On y découvre des chanteuses et de groupes féminins en opposition au rap plus masculin ; ce courant musical débouchera sur la naissance du GIRL POWER fin 80, début 90 avec Mary J Blige ou Faith Evans …
Rap
La culture HIP HOP qui comprend le texte (RAP), la musique (BREAKBEAT) et le dessin (GRAFF) s’est imposée tout au long des années 80. C’est un phénomène social et une forme artistique à part entière.
Ce genre musical découle directement du SPOKEN WORD et du Gospel. The Last Poet , Gill Scott-Heron déclament leurs textes revendicatifs sur des rythmes de funk et de percussions africaines .Le 1er titre reconnu comme du rap est « Rapper’s de light » de Sugarhill Gang en 79
C’est à New York que le RAP prend son envol. Un premier nom à retenir : GRANDMASTER FLASH. Ce rappeur est à la fois musicien, DJ, technicien, pionnier du scratch et du remix. Lors de ses premières représentations, il s’aperçoit qu’il ne peut pas et jouer et animer la soirée. Il prendra alors avec lui un MC (maître de cérémonie) pour l’aider à entraîner le public.
Le deuxième nom est AFRIKA BAMBAATAA , DJ exceptionnel aux mille facettes , fondateur de la Zulu Nation. C’est lui qui lance le Mouvement Hip Hop (rap, danse, graff…)
Le hip Hop a été surnommé le punk noir. C’est une musique populaire de rue qui permet aux différents crews (ou gangs) de s’affronter sur scène : les Battles. C’est un exutoire pour les jeunes, diminuant la violence dans les rues.
Deux courants sont en compétition aux USA. Côte Ouest , le gangsta rap : violent ,hardcore et Côte Est le rap teinté de soul et de jazz. Le gangsta se développera rapidement sur tout le pays comme Public Enemy
Gangsta : NWA. , MC Eight, Eazy-E, Ice Cube
Rap East : Ice T, Kool G Rap, Gang Starr et l’excellent GURU
Ne pas oublier RUN DMC, le 1er groupe à passer sur MTV et bien sûr Beastie Boys, 1er groupe de rap notoire formé de blancs.
En France le rap se fait connaître par les médias (Radio Nova,Radio 7 animée par Sidney, Emission TV Hip Hop également de Sidney…) pour se répandre dans la rue et les banlieues. Dee Nasty , Grand master de la Zulu Nation française -Eh oui !- est le 1er à maîtriser la technique du SCRATCH.
Rapidement des groupes vont suivre et s'emparer de cette musique : Daddy Yod, Timide et sans complexe, Lionel D, …on connaît la suite !
Musique classique
Entre les deux décennies prolifiques en création contemporaine 1970 et 1990, la décennie 1980 fait un peu figure de « creux de la vague ». Des compositeurs déjà célèbres à cette époque semblent avoir marqué le pas, pour repartir de plus belle ensuite. A l’inverse, il est encore trop tôt pour la génération montante qui fleurira au tournant du 21ème siècle. Néanmoins, quelques œuvres majeures et / ou remarquables sont à mettre au crédit de cette période. Certaines, bien que composées et créées à cette époque, n’ont été diffusées en CD que dans les années 2000.
Musiques de films
Dans la lignée de "La Fièvre du samedi soir" qui marqua la fin des années 1970, un certain nombre de « films dansants » et de comédies musicales sont à l’origine de tubes repris sur les ondes et dans les discothèques : souvenons-nous du film et de la série TV "Fame" (’80), de "Flashdance" (’83), de "Purple rain" avec Prince (’84) ou encore de "Dirty dancing" (’88)… sans oublier la comédie musicale francophone "Starmania", déjà citée, dont le succès ne s’est jamais démenti jusqu’à nos jours.
En 1980 un tube endiablé chanté par le groupe Blondie à l’apogée de sa carrière, Call me, est extrait du film "American gigolo". Queen rend inoubliable le générique de "Flash Gordon". Par ailleurs, le véritable phénomène des Blues Brothers crève l’écran et les ondes !
En ‘81 on danse sur les slows Reality (du film "La Boum") et Chi mai (du film" Le Professionnel", morceau écrit par Enio Morricone). L’année suivante c’est Eye of a tiger (de "Rocky III") qui tient la vedette, Furyo en '83, puis les génériques de "L’Histoire sans fin = Never ending story" en ’84, et de "Ghostbusters" en ’85. Charlélie Couture écrit la B.O. de "Tchao pantin" en '83.
En 1987 le cri déchirant de Jevetta Steele I’m calling you du célèbre film "Bagdad café", reçoit l’Oscar de la meilleure chanson originale. En France, une chanson du film "Le Passage", sorti l’année précédente, devient un tube : c’est On se retrouvera, chanté par Francis Lalanne et écrit par son frère Jean-Félix. En '86 toujours, la B.O. de "37°2 le matin" remporte un vif succès, dans la lignée du film.
Les musiques électroniques planantes de Vangelis triomphent dans "Les Chariots de feu" (’81), "Blade runner" (’82) et "Antarctica" (’83). Le jazz est mis à l’honneur dans "Autour de minuit = Round midnight" (’86, inspiré de la biographie de Bud Powell, avec Dexter Gordon dans le rôle principal), et avec "Bird" (’88, un film sur la vie de Charlie Parker). Même le classique n’est pas oublié : la 25ème symphonie de Mozart serait-elle aussi connue sans le générique d’ "Amadeus" (’84), et l’Adagio d’Albinoni sans celui de "Platoon" (’86) ? Enfin, on ne peut passer sous silence le compositeur John Williams et sa collaboration étroite avec le réalisateur Steven Spielberg, allant de la saga "Star wars" à "E.T." en passant par "Indiana Jones"… Autant de mélodies restées célèbres, influencées pour beaucoup par la musique classique symphonique.